Il arrive / Que dans une même journée / Les émotions / Les ressentis et les neurones / étalent le temps comme un beurre moelleux sur la tartine dorée / La pâte s’allonge langoureusement comme sur un canapé et nappe les moindres aspérités/
Ces-jours-là/ L’on se nourrit/ L’on se grimace aussi/ Tout n’est pas aisé/Rien n’est totalement acquis.
Ces jours-là/Par le jeu des moi et des tu / Des je s’esquissent/ Le moi se recule/ Pêle-mêle / Ils se racontent / dans l’ordre croissant / La jeune fille qui arrive / Les moins jeunes et les plus vieux / qui s’installent / hésitent / patinent / patientent / s’agacent/ frétillent / La vieille personne qui s’en va/ Ce monde ils ne connaissent pas/ Ils ne le reconnaissent plus / C’est la même histoire/ Des humanités.
Ce jour-là/ il y a quelque chose de magique / D’unique/ Un instant où se mêlent les fragiles/De chacun/ Ombrelle/Hamac/Bise légère/Parapluie/ Paravent / Gambadent les baluchons / Ils me donnent envie de biser tous ces fronts.
C’est la guerre la vie/ C’est ainsi / Chacun la sienne / Chacun se bat / se débat / Fait au mieux / Souffrances qui se taisent / Pudiques / Ou qui s’affichent / verbales / ou non. Des yeux qui fuient / Des mains qui tremblent / Des ombres de sourires / Des voix qui baissent / D’un ton / D’un bémol.
C’est tous les âges de la vie / Ce jour-là / Comme une frise / Chronologique.
Je suis attendri. Surtout préserver / ne juger pas / ne répondre pas à des questions qui posées ne sont pas / Accueillir au nom du goût de soi/ Du goût des autres/ Humaines et Humains. Même veine / Mêmes peines / mêmes destins.
C’est une simple journée remplie des complexitudes de tous. Les bonnes / et les mauvaises / Comme des nouvelles / Qui s’écrivent / Se dandinent / Des bribes/ Loin des cris/ Des chuchotements, plutôt / Discrets / Des coeurs qui battent.
Témoignage
Je suis venu nettoyer ma mémoire
C’est donc là. C’est donc Ici. Dans un recoin du centre de l’Allemagne. Là qu’est née l’omerta. Mots de guerre. Stalag 9. Baraquements. Trutzhain. Un dénommé Daniel, parti sur les traces de son père, nous a grandement aidé. Papy, tu y as passé cinq (ou six) années dont on ne sait quasiment rien. A ce qu’il paraît, tu as tout jeté en rentrant. Tu n’en as jamais parlé. Quelques uns disent que tu as tapé dans la gourde et pas seulement dans la gourde ensuite, et que parfois, tu rêvais en allemand. J’entre dans un tunnel à ciel ouvert. Je viens en ce jour de juillet 2017 avec les yeux d’aujourd’hui. Lire la suite