Le Saint-Nicolas, je n’avais pas reconnu qui c’était. Le Père fouettard non plus, au début. Puis il a parlé. Il a dit quelque chose à un voisin-copain. Avec ce chuintement inimitable. Débusqué, le père Fouettard.
Mais oublié.
Le gamin ne veut pas savoir, ni comprendre ; la bouche est pleine de bonbons même pas bons, mais généreusement donnés, offerts, saisis à pleines poignées.
Non, le gamin ne veut pas accepter que l’imaginaire, c’est moins bien quand en vrai. En chair et en os. Il préfère se dire que le Saint-Nicolas et le Père Fouettard sont réellement venus dans la salle des fêtes du village.
Le gamin sait très bien, au fond, que ce en quoi il croit, c’est ce qu’il préfère croire, puisqu’il ne croit pas en ce qu’il ne croit pas, au fond.
Il s’en fout. Il a choisi. Juste choisi : le moment garde sa magie, et pis c’est tout. D’ailleurs arriveront ensuite : la mandarine, le pain d’épice, un cadeau. L’enfant Lorrain bénéficie d’un échauffement. C’est son apéro avant le festin. Avant la suite. Un père Noël, puis deux. Même sans débouler par la porte ou la cheminée. Même sans cheminée. Puis un nouvel An. Le cinéma. D’autres cadeaux. Largement de quoi faire.
Avant la galette. Et les crêpes. Et les beignets.
Oui, largement de quoi faire.
Et ainsi passe l’hiver. Quand décembre est arrivé. Après l’anniversaire.
Et ainsi passe l’hiver. Surtout si par bonheur, il y a de la neige.
La carotte dans la tronche du bonhomme rondouillard. L’écharpe et le chapeau de paille.
L’onglée mêlée de sueur.
La gadoue.
Le calme blanc.