J’ai rongé mon frein. Je me disais, y’a bien un moment où… Ben y’a pas eu le moment. Et que je te cause des régionales 2021, des présidentielles 2022, de la fin du monde, tout ça. Mais les départementales ? Que dalle ! Et ça me gonfle.
Précision : je travaille au sein d’un conseil départemental. Tout ce qui suit est donc forcément teinté.
Je disais d’ailleurs tout à l’heure à mon fils, si ça se trouve, je ne travaillerais pas au CD, je dirais différemment les choses. Mais ça ne se trouve pas 😉 Alors avant dimanche, prends quelques instants pour lire ce qui suit. Je te remercie.
Le silence assourdissant autour des départementales me fait penser à tout les « invisibles » dont le grand circus ne daignait pas parler pendant la crise sanitaire. A tout ces « vides sociétaux » organisés à force non de parler de certaines choses, mais d’en parler trop, de ne parler que de cela, et mécaniquement, du coup, de ne pas parler d’autres choses.
C’est pour cela les amies et amis que si dimanche, vous ne voulez pas voter pour les régionales, je vous enjoins à voter au moins pour les départementales !
C’est une élection de proximité. Comme la commune.
C’est celle où canton par canton, vous votez pour une femme ET pour un homme.
C’est la seule assemblée parfaitement paritaire, le conseil départemental.
Surtout, ces conseillers départementaux gèrent une grosse bestiole indispensable au bon fonctionnement solidaire d’un pays qui sinon brillerait moins solidairement et ne vanterait pas aussi souvent le « modèle français » qui, on la vu, craque mais ne rompt pas.
Les départements, c’est un peu comme les hôpitaux : c’est abandonné par l’état, qui paie moins cher les prestations qu’il fait coûter, mais qui tiennent parce que ces élus et ces fonctionnaires fonctionnent.
On parle ici de métiers pas comme les autres. De métiers « de la personne ». De femmes et d’hommes qui ne sont pas là par hasard. Des éducateurs, des assistantes sociales, des puéricultrices, des types en orange le long des routes, des travailleurs sociaux, des familles d’accueil, des conseillers en gérontologie, en handicap. Des métiers de « valeurs » mal aimés, mal compris, mal payés parce que le Département, ben il s’occupe de tout ce que notre belle société ne veut pas voir.
On n’est pas dans le clinquant, la rolex mais la main qui se tend, le regard empathique, et le temps long.
Les départements, c’est pas un machin en trop, c’est pas un truc de plus : c’est une collectivité qui a sa place et son job, son échelle de territoire, et qui contrairement aux mensonges médiatico-politiques organisés ne dépensent pas plus qu’elles ne dépensent, ni ne dépensent trop : 90 % des budgets, ce sont des aides obligatoires fixées par l’état ! Et les collectivités locales DOIVENT voter des budgets équilibrés.
Les missions de ton département, amie, ami, ce ne donc pas les mêmes que celles de l’état, des régions ou des communes. Et tu seras concerné à un moment où un autre. Toi, tes enfants, tes parents. Alors ne fait pas mine den rien. Ne sois pas trop désinvolte en raccourci anti système.
Accident de la vie, handicap ? Département.
Vieillissement, maintien à domicile ? Département.
Enfants délaissés ou maltraités ? Département.
État des collèges ? Département.
Appui aux projets de ta commune, de ta communauté de communes, de ton association sportive, culturelle ? Département.
Je ne prétends pas que tout est bien fait, bien sûr.
Ni que tout est pareil d’un département à l’autre. Encore moins que tout est parfait dans le meilleur des mondes.
Mais il est des digues qui demeurent, et qui méritent à minima que respect on leur accorde.
Au lieu de taper sur la gueule, c’est bien aussi de le souligner.
Car tout cela se fait des yeux ouverts loin du hors sol que l’on voit de partout.
Et cela se fait en proximité.
Voilà, amie, ami : je ronge moins frein.
Je te propose d’aller voter dimanche aux départementales, pour qui tu veux.
En te disant qu’au-delà des coûts et des budgets certaines choses n’ont pas de prix.