Regardons le ciel. Disons-nous. Que les bougies de la terre qui s’éteignent. Trouvent là leur nouveau terrain. Guitare en main.
Il fait froid aujourd’hui. La gelée est tombée en plein soleil. Un mardi 7 avril.
Une guitare, il en avait toujours une sous le coude. Près des yeux. Dans le cœur.
Il en jouait bien, très bien, longtemps, pour tous, de tout.
Fermait les yeux. Souvent.
Chantait. Composait. Sonorisait.
Le son. Important, le son.
La musique par tous les pores de la peau. Y compris pour les enfants.
La musique pour y transpirer les soupirs inavoués et les crissements de dents. Les ardeurs défuntes et les montagnes abruptes.
Nous avons chacun nos bouquets de nerfs. Nous avons tous nos bouquets de fleurs. Nos ruisseaux. Nos torrents.
Le vivre ensemble, ce sont des regards.
Des blagues. Des huîtres, de la viande, un bon pinard, un chèvre du Poitou. Ripaillons. Disons des conneries. Arrosons les soirées. Rions. Embrassons de nos bras trop petits l’immense et noyons-nous dedans. Etirons les nuits. Jusqu’à plus soif. Fumons.
Les matins crachotent et alors ?
Il était de ceux qui décident quand le jour se lève.
Quand il se couche. S’il se couche.
Les nuits dorment peu. Et alors ?
Une vie rock’n’roll. C’était cela. Avec tout le tourtim.
Les « camions » déglingués, les vieilles motos, l’océan. La guitare à la main. Parfois l’oeil qui regarde au loin, plus loin. L’océan. Regardons-le. Et disons-nous. Que les bougies de la terre qui s’éteignent. Trouvent dans le scintillement des vagues leur éclat.
Une vie rock’n’roll. Jusqu’au bout. Jusqu’au dernier riff.
Salut, gros, comme on dit en Lorraine. Un beau salut Bleu. Il en était devenu un incontournable artisan. La main sur le coeur. L’autre avec la guitare.