J’écoute Catherine Watine. C’est la première fois. J’ai découvert cette chanteuse par je ne sais quels biais numériques et cet après-midi, à l’heure de l’écoute, c’est une belle irruption. Dans mon panthéon. Il est sympa, mon panthéon. Je peux y faire place facilement à qui me touche. A qui m’en bouche un coin. Et pour le coup, ça le fait. Les âmes grises verront la pluie dans les souffrances mélancoliques. D’autres, les âmes bleues, une âme à partager. N’hésitez pas le plongeon.
J’ai acheté hier son album « Phos / A l’oblique ». C’est tout droit. Je l’écoute maintenant. Et ça serre la tripe à mesure que l’on avance dans l’album, comme une plongée. L’artiste est là, omniprésente, nous bascule là-dedans mais le fait joliment. Nous tient la main. J’aime celles et ceux qui nous plongent dans leur univers, qui ne nous y préparent pas, on les rejoint.
Ici, une voix de femme chuchote en permanence des mots Bleu. Les bleus de la vie, pour le dire gentiment. On perçoit que c’est bien sûr plus puissant que cela. Parfois c’est cru. C’est toujours élégant. De belles phrases font penser à la cueillette des mûres sauvages, vous savez, celle si goûtues de fin d’été qui perlent parfois de sang nos doigts aventuriers.
Donc c’est âpre et rugueux, Catherine Watine. Il pleut derrière les murs. La souffrance qui est sienne sait être nôtre et l’on se reconnaît. Evidemment. C’est digne. C’est debout. C’est en face.
Une forme de (fausse) langueur dit les valses à mille temps des sentiments, de l’amour qui sculpte nos existences surtout quand il est absent. Musique(s) au diapason. Parfois très discrète, comme un rimmel, une virgule. Parfois plus prenante, plus têtue, comme un râle qui s’extirpe, bras jaillissant d’un pull dans lequel on est entré sans facilité.
Le grain de voix fait penser à des yeux qui en ont beaucoup vu, trop, mais qui continuent, mieux, qui disent encore.
Catherine Ribeiro ne me semble pas loin. Barbara non plus. Ce ne pourrait être que pensant. Que pesant. C’est enveloppant. C’est aimant. Nous sommes là, assis sur nos rochers à bascule, regardant l’horizon, ensemble, partageant nos sensations, nos émotions, c’est comme un bonheur de fuir.
Les âmes en peine ont la beauté féroce que la voix, les mots, la musique soulignent de traits cherchant la paix dans le vacarme furax de nos vies qui se font, se défont, s’en vont, s’en reviennent, se souviennent.
Cerise sur le gâteau : une artiste qui met café crème dans une chanson mérite un label Bleu ! Merci m’dame pour ce beau moment, près du feu de cheminée, des éclairages indirects partout dans la maison distillant des lueurs secrètes. C’était une belle invitation. C’en est toujours une.
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Disque disponible sur l’excellente plateforme Bandcamp ici : https://watine.bandcamp.com/album/phos-a-loblique
Retrouvez l’artiste sur les réseaux sociaux : https://www.facebook.com/catherine.watine
Sur internet ici : https://www.watineprod.com/