J’ai marché dans les rues, les vidées comme les bondées, les illuminées comme les éteintes, n’allant nulle part vraiment, tournant autour du grand sapin et de sa patinoire, autour de la Cathédrale, respirant les effluves de vin chaud et de bretzels/parfois bousculé dans la foule et parfois non. Strasbourg, un jour de décembre. Le marché de Noël bat son plein. Le mystère est entier. Intact. Le pourquoi demeure, assigné à résidence. Je n’y avais pas pensé en venant, en arrivant. J’y pense maintenant. Strasbourg. Décembre. Il y a un an. Le Pourquoi ? C’est celui-ci, naïf, mais pas que : Comment peut-on / venir s’exploser là / et en exploser d’autres ? Que se passe-t-il / dans une tête / sous des cheveux ou un bonnet / pour en arriver à de telles extrêmes ?
J’ai marché dans les rues / décorées / remplies d’enfants, de femmes et d’hommes / de conversations & de sourires / Flotte l’esprit de Noël / Suffisamment pour ne comprendre pas qu’il y ait besoin / pour certains, certaines / de venir endeuiller tout cela / salir / faire terreur.
Je marche dans les rues, je me sens en tension / tendu / à l’affût. Malgré moi. Il me faut de l’envie, et de l’énergie plus que du courage / pour avancer d’un bon pas. L’air est vif. Il ne pleut pas. La nuit arrive vite. C’est encore plus imprécis. La nuit de l’hiver qui tombe et les lueurs de Noël qui sourient, étoiles, boules, sapins, peluches aux façades / presqu’on en oublie les enseignes si communes à toutes nos urbanités.
Je marche dans les rues / l’oeil humide / du froid et pas uniquement.
Je pense à l’effroi, il y a un an, et me retourne sur mes pas, regard braqué devant / vers la paix. L’envie stupide de pardonner / ceux/celles/ qui font cela. Leur dire, attendez, attendez, parlons. C’est dérisoire. Illusoire. La folie est en route. Et puis l’envie, en même temps, de ne pas pardonner pas. Toutes ces victimes, visibles / invisibles. Celles et ceux qui cette année / à Strasbourg / ne sont pas allés.
La paix. Tant de guerres déjà. Et ça continue.
Demeure le pourquoi en bandoulière et mon évidente impossibilité de répondre à la question. A demeure les points d’interrogation(s).