Après Red, Higelin. C’est promis. Nous voilà donc devant le grand théâtre de Sainte-Marie, je dis grand mais c’est idiot, comme s’il y en avait plusieurs, alors que sans doute il n’y en qu’un. Mais d’accord, on s’en fout. Le public est là bien avant le 20 h 30 et attend devant les portes fermées.
On en profite pour aller boire un coup dans le café le plus proche. Une fin de clope, dehors, me permettra d’échanger avec un ancien de la cité, 90 ans et l’oeil vif, l’accent du coin, la voix douce, qui sort le samedi soir quand il ne fait pas trop froid et qui aime à raconter l’école des filles, là-bas.
Le café avalé, place à Jacques Higelin (qui a désormais son square à Sainte-Marie). Mais avant cela, un bretzel et l’innovation culinaire du week-end : le Pain/Knack/Munster/Moutarde. Avec le Burger du soir et le Belin de demain, ça envoie ! Et ça schemeck, comme on dit au pays. Ca pue.
Chaque photo prise me le rappellera. Mais on s’en fout aussi.
Ce soir, c’est soirée Jacques Higelin, qui avait ici une patrie retrouvée, des amis, et ses derniers albums. Sous la houlette de Rodolphe Burger, l’enfant du coin dont chacun aime à dire son anecdote, la soirée est prévue autour des chansons pas les plus connues du baladin rock, qui s’en est allé en avril 2018. La soirée lui est dédiée. La salle est trop petite. Sold out. Et la scène aussi tant l’on s’y presse, et tant déboulent des noms de tous les temps : Areski est là, sous son chapeau et avec son tambour. Mahut est là, derrière ses percussions. Alice Botté est là, avec sa guitare. Erik Truffaz est là, avec sa trompette. Et puis aussi Sarah Murcia, Red, Fred Poulet et Beau Catcheur. Y’a Sandrine Bonnaire, aussi. Et Rodolphe qui n’en finit plus de tendre les bras à droite, à gauche, devant, derrière. Le geste du bienvenue. Le geste de l’autre. Présence pudique.
La soirée, jamais, ne se départira de cette élégance.
Higelin flotte dans l’aire.
Et c’est Izia, sa fille, qui fera valdinguer la soirée ! Jusque là, on avait joué plutôt pépère avec gros son quand mêmes des morceaux, pas trop de tubes, pas forcément ceux attendus du public, on était pas sur TF1, non plus, mais un ensemble soigneusement élaboré, sans esbroufe, la rage en n’dans et le coeur fier.
Cigarette,Fraises, Cayenne, Le Berceau de la vie, Cet enfant que je t’avais fait, Magicien/Magicienne, Je ne peux plus dire je t’aime, Le Minimum (désopilante version de Beau Catcheur), Attendant à la pudeur (mix déjanté Izia/Beau Catcheur), août put et Ballade pour Izia, touchante, avant d’être totalement irradiée, et nous avec.
Irradié, justement, dernier morceau avant le premier rappel.
Irradié qui lâche les chevaux et la gamine qui embarque tout le monde, les anciens sont là, fidèles, concentrés, les uns suivent, les autres s’accrochent et le public se vibre aussi. Un sacré moment !
Eclairé par celui qui. Champagne !
