Dans la Vallée, acte 1

Le Festival C’est dans la vallée, d’abord, c’est la vallée. Sainte-Marie-aux-Mines. Entre Lorraine et Alsace. Dans les Vosges. Je le confesse : chemin faisant, m’y rendant, car dans cette vallée l’on va sinon l’on ne fait qu’y passer, je sifflotais un air totalement déconnecté de ce qui allait m’attendre quoique, lalalala, de Alan Stivell, célèbre air de Bretagne, entraînant, vivifiant, qui passe par un col où les nuages sont bas mais la lumière vive, qui se poursuit par la longue descente vers Sainte-Marie, cité d’argent et de cobalt, naguère, dont il subsiste des traces invisibles et tenaces, comme si elles étaient passées dans les âmes.

Logiquement, le chemin qui conduit au premier concert choisi claque l’incongru. On traverse la ville, on la quitte, on grimpe à nouveau sur des routes de plus en plus étroites et l’on débarque dans l’ancienne église des mineurs, la chapelle XX, étrange sommet qui vous donne à voir en premier chef le cul de la chapelle avant un cimetière verdoyant.

Soudain l’on se tait. De ces taisures respect. L’on se tait et l’on se silence, prélude idéal avant ce qui va suivre : un concert acoustique de Red, sacré petit bonhomme au verbe ciselé, aux rides sillons et à la musique qui vous embarque derechef dans des contrées américaines ; un homme, deux mains, une guitare. Fameux.
L’on bénit en ce lieu le silence initial qui a permis de bien dresser l’oreille. L’on regarde aussi curieusement cette guitare, dont Red nous informe qu’elle fût en son temps confisquée par les jeunesses hitlériennes. On exorcise. Mais on a tous en nous un groupie qui sommeille. Et celui que je suis n’en est pas encore revenu mais s’en est très bien remis. Annoncée, Sandrine Bonnaire, j’espérais bien la voir « en vraie » et pas seulement de loin ou sur la scène. Ben je fus servi !
Assis au premier rang, j’étais à trois mètres max du solo Red, et à 52 puis 67 centimètres de la susdite. Quelques sourires polis, on sent vite qu’il est des mondes qui se frôlent et puis l’essentiel n’était pas là.
Un bonheur ne venant jamais seul, juste à côté d’elle, Erik Truffaz lui-même, autre grand nom pour moi ; le trompettiste a même rejoint Red pour quelques morceaux renforcés dans leur intensité soudain. Un moment hors du temps, les yeux souvent fermés, attentifs, embarqués, emportés. Tout un cinéma de la simplicité et de la finesse avec la voix de Red. Belle compagnie. Du coup, lorsque l’on sort de la chapelle, une pluie fine s’est invitée, tout comme la nuit. Il fait bon. Lalalala. Fin de l’acte 1.

(à suivre)

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