
Echange avec une journaliste l’autre jour. Nous parlons d’une famille, d’un couple en fait, des septuagénaires, qui ont été virés de leur chez eux et qui se sont réfugiés sous des bâches avec leurs meubles sur un terrain dont ils sont propriétaires. Près d’une voie rapide.
Une « histoire » bien plus complexe qu’il n’y paraît, bien sûr.
Ils n’ont pas été abandonnés de toutes parts. Ils ont refusé bien des mains tendues. N’ont pas voulu de ces mains-là. Ils ont leurs raisons. La « société » les siennes. Il arrive que cela débouche sur de l’incompatible. Et du radical.
Je suis en train de lire en ce moment « Il était une ville », de Thomas B. Reverdy. Je n’en suis qu’à la page 95. Mais le décor est largement planté. C’est à Détroit que ça se passe. La ville s’abandonne aussi vite qu’elle a été abandonnée. C’est à Détroit qu’un jeune ingénieur a été envoyé, pour une mission fantôme décrétée par une entreprise où la hiérarchie change sans cesse. C’est à Détroit que des jeunes errent et brûlent des maisons, près de centres commerciaux vidés et où ne restent que tags et squatteurs, tout ayant été pris.
Deux angles bien distincts et pourtant un air commun. L’un dans la réalité, près de chez moi. Pour de vrai. Et digne d’une fiction. L’autre dans un roman, loin de chez moi. Si proche de la réalité.
L’autre soir, je suis allé voir un spectacle. Il y était question du bout du monde. Il y avait des tentes. Nous étions des migrateurs. Une femme et un homme dansaient. Comme l’orchestre du Titanic quand le monstre des mers s’engloutissait sur lui même dans les eaux gelées ?
Ambiance sonore