Le mégot par terre de Nicolas Hulot m’a fait sourire. Doublement. Pare que c’est l’argument facile. L’exemple flop. Et parce qu’il a rencontré écho chez celles et ceux qui prennent les raccourcis des idées courbes et militent pour la prise de conscience verte , comme si cette religion du fardeau n’était qu’une copie de temps anciens où l’on finissait par porter sa croix en rêvant d’un paradis. J’ai soudain un doute sur mon comme si mais passons.
Le mégot par terre de Nicolas Hulot, comprenez sa phrase prononcée lors de son émouvante et nécessaire démission du ministère de l’écologie, lisez « comment voulez-vous que… on en est encore à jeter nos mégots par terre« , a dit beaucoup des intransigeances du moment et des masques de pacotille.
Une fois de plus, l’impuissance d’en haut (façade ?) tape le couillon d’en bas. Je jette mes mégots. Hulot a démissionné. Merde alors. Depuis des décennies et des décennies, mon bulletin de vote en est témoin, je ne cesse justement de donner mandat pour agir à échelle plus dévastatrice. Au choix : nationale, européenne, mondiale pendant que je trie mes poubelles absurdes, retournant inlassablement à l’envoyeur ce qu’on m’a donné sans que j’ai rien demandé, genre emballages d’emballages emballés etc.
Le citoyen a bon dos et quand il est fumeur, il a une merveilleuse tête à claques.
C’est parfait quand les chasses aux sorcières et aux sorciers se multiplient, se débitent en tranches sur les réseaux sociaux et les médias, une cause par personne si ce n’est plus.
Sur mon lieu de travail, je jette mes mégots par terre. Ma gêne va juste vers ce pauvre type payé au lance-pierre que j’oblige, avec d’autres collègues, à ramasser les mégots par terre jetés.
Pour le reste, et uniquement sur ce lieu, le jet de mégot est un acte citoyen. Eh oui.
Cela ne m’a nullement dérangé quand enfin le tabac fut interdit des lieux publics.
Cela m’a un plus dérangé quand on a confiné les fumeurs dans une sorte de cagette de bois pompeusement inaugurée et appelée espace fumeur. Aux quatre vents, dans les effluves de la cantine, le lieu n’a rien d’un refuge, on dirait plutôt une cible.
Et cela m’a encore plus dérangé quand mon employeur a carrément viré les cendriers des autres endroits du vaste bâtiment, se disant comme ça ils iront fumer dans la cagette. Alors oui Monsieur Hulot, je jette mon mégot par terre.
Avec ma bonne gueule de citoyen qui sait comme tous mes polluants sont richement récupérés par les fonds publics. Car en plus je roule dans une voiture diesel. Je mange de la viande. Bref, je suis un délinquant.
J’ai été sensible à votre impuissance. C’est de cela dont nous devrions parler.
A lire en plus et merci pour la photo ce billet : la vie d’un mégot de cigarette.